La drôle de vie de Zelda Zonk – Laurence Peyrin

La drôle de vie de Zelda Zonk – Laurence Peyrin

Afficher l'image d'origine

Résumé éditorial : Les jours s’écoulent, un peu trop calmes, un peu trop sages, pour Hanna Reagan, lorsqu’un grave accident de voiture la cloue sur un lit d’hôpital. La campagne irlandaise a ses charmes, ainsi que son romancier de mari, mais rien de pétillant comme sa voisine de chambre, une vieille dame malicieuse et mystérieuse répondant au nom de Zelda Zonk.

A ses côtés, et n’ayant rien d’autre à faire pendant sa convalescence, Hanna se prend à rêver d’une nouvelle vie, plus éclatante. Est-elle vraiment épanouie dans son hameau perdu, dans son mariage routinier ? Alors que Zelda lui conte son existence positive et joyeuse, Hanna se demande s’il est encore possible de changer la sienne…

Avis personnel : En achetant ce roman et après lecture du résumé, je m’attendais à plonger dans une histoire du type Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, le récit de vie rocambolesque, fantasque et merveilleux d’un personnage maintenant âgé dont on raconte la vie trépidante, ou qui la raconte soi-même. J’adore ce genre de récit donc je n’ai pas eu hésité très longtemps pour acheter La drôle de vie de Zelda Zonk.

Bon, après lecture de quelques pages, il s’est avéré que ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais et j’ai failli laisser tomber ma lecture tout de suite, assez déçue finalement. Mais… !

  1. J’avais envie de connaître la suite. Quand on commence un roman de ce type, ça prend les tripes, on se dit : oui, ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais mais, si ça se trouve, ce sera mieux encore et je ne suis pas encore arrivée au point où je me sentirais vraiment prise dans l’histoire !
  2. En elle-même, le style d’écriture de Laurence Peyrin est assez agréable et sympathique. Pas un grand style d’écriture à la Laurent Gaudé (je pense qu’on pourra difficilement battre le style de Gaudé dans Le soleil des Scorta. Certains passages sont sublimes), mais on reste dans une lecture confortable où l’auteur nous guide d’une plume tranquille là où elle veut en venir.

Bref, j’ai hésité et puis j’ai décidé que je finirai ce bouquin, rien que pour voir où il allait m’emmener: j’allais trouver ce fameux point à partir duquel je me sens vraiment aspirée dans une histoire (ce « fameux point » reste très subjectif et personnel : pour certains livres, je suis aspirée dès les premières lignes, pour d’autres il faut quelques pages et pour d’autres encore, ça ne vient jamais). Le problème étant que ce point fatidique n’est arrivé pour moi qu’aux trois-quarts du bouquin, quand la moitié de l’intrigue était censée s’être déjà écoulée.

Je dis « censée » parce que La drôle de vie de Zelda Zonk ne m’a pas donné l’impression d’avoir une véritable intrigue.

Pour résumer rapidement les premiers chapitres, Hanna, l’héroïne, part un matin pour son travail de Dearbly-upon-Aven, le petit village perdu où est installé son cottage perdu dans lequel elle vit avec sa nièce et son mari aussi perdu dans l’écriture de son roman que le coin de l’Irlande où ils habitent (oui, je sais, quelle vision ô combien optimiste de l’Irlande !)

Or, ce matin-là, pas de chance, elle tombe pile au mauvais endroit au mauvais moment, dans un accident de la route monstrueux qui fait beaucoup de victimes… dont elle ne fait pas partie. S’ensuit le récit de son transfert à l’hôpital, de ses proches qui s’inquiètent pour elle, de son installation dans une chambre commune avec Zelda Zonk, une vieille dame assez tranquille dont Hanna va s’imaginer une vie passionnante et délirante car, attention « Zelda Zonk » était le nom d’emprunt qu’utilisait Marilyn Monroe lorsqu’elle désirait se couper du monde du showbiz et déambulait dans les rues de New-York, anonyme parmi les anonymes.

Hanna va alors se mettre en tête que Zelda a une vie passionnante et inspirée et qu’elle vit maintenant ces dernières années dans un petit cottage comme le sien, mais ô combien sa vie d’avant était plus inspirante que la sienne ! Hanna se base simplement sur le fait qu’elle semble épanouie et énergique pour une vieille dame pour s’imaginer que Zelda a vécu une vie géniale par rapport à la sienne, et va alors tout remettre en cause, comme si elle était véritablement malheureuse dans sa vie « avant accident » et que – miracle ! – seule Zelda lui avait véritablement ouvert les yeux (remarquons que Zelda vit dans le même coin paumé qu’elle et a l’air de très bien s’en accommoder mais ça, Hanna passe complètement par-dessus).

Hanna remet en cause son mariage avec Jeffrey-l’écrivain-qui-ne-sait-plus-quoi-écrire et tout son quotidien en général. Sauf que le livre ne donne pas l’impression qu’elle était si malheureuse que ça avant son accident : simplement qu’elle avait son petit train-train quotidien, un peu morne, et soudain, incroyable, la révélation ! – elle pourrait mener une vie ô combien plus passionnante !

En fait, elle voit l’accident comme un signe qu’il faut tout changer dans sa vie, ce qui est très, trèèès irritant par rapport aux autres personnages. Tout le monde l’aura compris, je ne peux pas sentir Hanna, ce qui est assez embêtant étant donné qu’il s’agit du personnage principal. Un personnage égoïste au plus haut point, finalement. Seulement, ça ne suffit pas d’être égoïste, il faut aussi qu’elle se plaigne, qu’elle se dise que sa vie ne vaut rien, qu’elle se compare sans cesse à tout le monde, qu’elle doute de tout… L’auteur la décrit comme une petite femme fragile réalisant la banalité de son existence et se disant : « ah non, ça ne va pas, on change TOUT ! ». Une véritable héroïne à l’eau de rose que j’ai été incapable d’apprécier, d’où le fait que j’ai eu du mal à m’accrocher au livre (il s’agit du personnage principal, Zelda étant très vite reléguée au second plan).

Au contraire, Zelda est un bon personnage, lucide et réfléchi, un peu décevant par rapport aux attentes que j’en avais (finalement, on ne sait pas si elle a réellement vécu une vie incroyable. Seule Hanna se l’imagine). Ce qui reste vraiment irritant, c’est le pseudo-mystère qui plane autour du personnage, la fascination d’Hanna pour elle alors qu’il n’y a pas vraiment de quoi… On revient toujours au personnage principal (malheureusement).

Niveau personnages donc, c’est assez inégal.

Au niveau de l’intrigue, elle tourne majoritairement autour du mystère qui plane sur la vie de Zelda et sur le fait que Hanna ne se sente pas épanouie dans son cottage et qu’elle remette tout en cause. Difficile d’apprécier une intrigue qui tourne en grande partie autour du personnage principal quand on n’arrive pas à apprécier le personnage principal en lui-même…

Pour finir sur mes attentes, le cadre irlandais que promettait le livre me faisait bien envie, mais là aussi j’ai été déçue : on le retrouve bien mais il est utilisé ici uniquement pour souligner la morne et triste et pitoyable vie d’Hanna, donc ne vous attendez pas à des descriptions extraordinaires de paysages somptueux. A part dans quelques rares passages, on fait plutôt l’éloge de ville comme New-York ou Paris.

Enfin, pour terminer cette chronique, je dois quand même souligner que j’ai beaucoup apprécié la fin du roman, justement. C’est assez bête que le « fameux point » où j’accroche à un livre ne soit arrivé que dans les derniers chapitres, mais au moins il est arrivé, donc je ne peux pas dire que du mal de ce roman, même s’il m’a globalement beaucoup déçue.

Note : 2,5/5. Par rapport à mes attentes, c’est la meilleure note que je puisse donner. Je n’étais peut-être pas non plus le genre de public ciblé…

T.

Laisser un commentaire